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Ha-Lapid הלפיד


N.º 045, Tebeth 5692 (Dez-Jan 1932)







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 8              HA-LAPID
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étaieni arriérés, non pas par rapport avec
les autochtones de ces pays, mais rélative-
ment aux Juifs des pays occidentaux, bêné-
ficitaires de l'Emancipation qu'ils commen-
çaient seulement à gouter. La littérature
laique donc était celle inspirée de l'esprit
d'un mouvernent dit "civilisateur" et qui
avait pour objet de relever le níveau cultu-
rel des Juifs à un point de vue occidental,
et plus au moins au détriment de leur con-
servatisme réligieux. Un róle considérable y
jouait Popinion des Etats russe et autri-
chien qui feignirent de ne pouvoir mettre
sur le meme plan les juifs et les autres ha-
bitants de ces pays. à seule raison de leur
manque de culture, qui toutetois dépassait
de beaucoup celle de la majorite des auto-
chtons. Cette littérature élait donc essen-
tieilement tendancieuse et, souvent. 'a la
merci des pnissants de ce monde.
Néanmoins, elle produisit quelques poêtes
et conteurs de talent, et des publicistes de
bel esprit, comme le poéte Abraham Leben-
son (Adam ha-Cohen) et son fils tres doué
Mika-Joseph, mort à 23 ans. Abraham Got-
tlober; les publicistes Erter et Isaac Lében-
son, le philosophe Krochmal, le savant
Zweifel, et d'autres. Il n'y manquait pas de
conteurs non plus, la plupart du temps sa-
tiriques. La tendance de tous ces écrivains
-dês ces débuts, à la fin du XVIII síêcle-
bien que souvent dbpíníons assez divergen-
tes sur la question capitale, était tout de
même unanime: Véioge de 1a réforme de la
vie des juifs et des lamentations sur son
état actuel.

On s'imagine Paspect d'une telle littéra-
ture, presque inconcevable de nos jours:
l'écrivain, de qui on attendraít l'amour pour
la culture de son pouplm-preche son abné-
gation. Uabsurdité d'un tel antagonisme
feit naitre des conflits qui irouvent leur
théatre dans cette littérature même. Encore
plus tatd appartíendront à la même école
R.-A. Broídes et Brarzdsteter.

L'heure décisive pour la renaissance de
la littérature hébraique coincide avec la re-
naissance du Nationalisme juíf. Ce n'est
pas la prêcision des dates qui importe,-il
s'agit del l'esprit de tout une génératino. En
1895 le docteur Herzl conçut l'idée d'un
êtat juít autonome, quelque part. en Pales-
tine ou ailleurs. lndependemment de ce pro-
jet fantastique, existat deja en Russie un
mouvement de renaissance nationale qui,



sans oser s'avouer une telle utopie, visait
pouttant au même but

C'est ã cette époque même que s'élabo-
re la vraie littérature hébraique moderne
de même que celle en vidisch qui, alors,
était plutôt sa péraphrase vulgate que se
rivale. A l'horizon littéraire aparaissent les
étiles de l'aube de cette littérature, Bialik
et Ahad ha-Am, dója nommés.

La brêche entre la littérature des civili-
sateurs et celle des Nationalistes, forme un
petit groupe d'écrivaíns qui aysnt leurs ra-
cínes dans le sol des uns, tende déja vers
l'idéologie moderne des autres. Les plus cé-
lebres de parmi ce groupe sont le poéte
Yehoda-Loeb Gordon et les romanciers
Smolênskine et Mapou.

Gordon et Mapou étaíent des civilisa~
tears ardents. tous les deux. L'Etat leur té-
moigna sa rêconnaissance en leur confiam
des emplois a l'Instruction Publíque, au ser-
vice des Juifs. Ils têmoignent néanmoins,
malgré eux, d'une proionde consciente na-
tionale.

Gordon conaissait bien Part de compo-
ser de beaux vers, devenus même copieux.
sans avnír été por cela un grand poête. Il
étaít d'une part l'adversaire le plus sarcas-
tique de tous les aspects de la vie juive de
son temps et nourissait d'autre part des
sentiments três profonds pour la culture de
son peupie. Ii se croyat le dernier chantre
d'une tríbu des Mohicans et en tait profon-
dément afflígé, malgré ses opinions de "ci-
vilisateur".

Abraham Mapou, lui, trouva un moyen
pour concilier ses opinions avec ses senti-
ments, contradictoires ao premier coup
d'oeíl.

Aprés avoir écrit un roman ou il des-
sina ia silhouette de ia vie dans ia zone jui-
ve Russie, il lâcha cet art iunêbre qui lui
valut l'obligeance des civilísateurs, et se
tourna brusquément vers ies temps bibli-
ques. Dans ces ouvrages il sait imaginar
dans un élégant et facile style biblique, les
beaux amours des ¡eunesses d'un pouple li-
bre, vivant au bords du Jourdain, dans
d'oliviers et de vignes. San: douta cette mé-
thode était pius efticace. au point de vue
didactique, et témoigne en même temps de
Pesprit artistique de son auteur, plein de
phantasie vigoureuse.

                              (Continua).


 
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