4 HA-LAPID =============================================== prês de sa fin, il bénit l'enfant: «Je vais dis- paraítre... je ne te verraí plus, mais je meurs dans la même foi». L'enfant graudit dans l'atmosphêre mèlan- colique d'un foyer sans union, entre un pére assez léger, une mere tendre, mais sévére; dont il ne devait comprendre que plus tard la grandeur d'âme. Les parents se séparèrent. L'enfant vécut avec sa mère. Il lut et relut sa Bible, se nourrit des oeuvres de Camilo Cas- telo Branco, écrívaín marane, né en 1825. dont les principaux ouvrages sont: "Les Juifs", et "Les Rais de l'Inquisítíon". Tout en poursuivant ses études, à Porto, ou sa mère donnaít des lecons de piano pour vivre. il inventait des priéres, se créait une reli- gion à lui, faisant de petits sacrifíces à la manière antique, mais en fait de víctimes. ue brúlant que du romarin. Il connut nn certain Ibraim Hallil, mar- chand de perles fausses, qui lui apprit à líre le Coran et lui enseigna quelques mots d'arabe. Mais un jour, ayant été voir son pàre à Amarante, il lut dans un journal: "On inaugure une Synagogue à Lisbonne". Il ne put assouvir sur le champ la curiosité qu'éveillait eu lui cette annonce. Une grève ayant éclaté. il fut exilé comme soldat-cadet, dans Alentejo. A son retour, les cléricaux qui connaissaient ses opinions et ses tendan- ces, commençaient à lui faire la vie dure. Sa mêre, devenue aveugle. avait engagé jusq'uà ses bijoux au Mont-de-Piété Elle; résolut ce- pendant de se séparer de lui et l'envoya à Lísbonne où il mena une vie d'e'tudiant un peu bohême et entra à l'Ecole Polytechnique. C'est alors seulement qu'il songea de nouveau à l'exístence de la Synagogue. Arthur de Barros Basto raconte avec un humour particulier son arrívée au seuíl do petit temple de la rue Alexandre-Herculano. Un jardinier occupé à soigner les plantes du parterre qui entoure la Synagogue lui dit gra- vement: "Venez Vendredi, il y aura une jolie messe". Il appelait le Hazan: "le prête". L'office auquel assista le jeune homme l'émut profondément, et aviva, plus que jamais en lui, le souvenír de son aieul. Mais lorsqu'il voulut se procurer un livre de prêre: "Allez en acheter un chez le libraire", lui fut-il répondu. Les fidéles s'informaient curieusement: "Qui est ce garçon?"-"Un catholique qui veut être juif". Mais quand ou l'interrogeait directement: “Qui êtes-vous?", "Je suis mu- sulman", répondait-il, Le Rabbín Lévi Ben Simhon voulut voir de prés ce musulman qui ne parlsit qu'an mauvais arabe. L'entretien eut lieu eu pleine rue, sur un trottoir. Il s'occupa de lui, l'em- mena dans quelques familles juives. ll fut invité à la bénédiction du vin, à certains rites qui lui parurent d'une grande beauté. Il fré- quenta la Synagogue. Un jour, il exprima nettement le désir d'être recounu juif. Alors, on lui fit subir un interrogatoire serré sur son passé, sur son aieul, on lui demanda mille détails oíseux qu'il ignorait. Ses prières improvisées étaient mêlées de Fathah, de "gloire à Dieu" de for- mules monothéistes, mais qui lui étaient toutes personnelles. Il se heurta à la mé- fiance qu'ont les sémites pour les néophytes, et me cita, non sans ironie, à ce propos, ce passage du Talmud: "Les propêlytes son aussi pernicíeux à Israel que la teigne". Le coeur toujours brúlant de ses aspira- tions relrénées, il mena une vie de bohéme, réduit à ne pas toujours manger à sa faim, à n'étre ni chauffé, ni éclaré, mais le feu de sa jeunesse, de ses convictions, compensait bien des choses; le lit sans sommier, la table ban- cale tíxée au mur par un clou ne l'empê- chaient point de lire, de méditer, de s'enri- chir intelectuelement. Ce fut l'époque où, de son aveu, il commit toutes les folies au nom de l'anticlérícalísme er du socialisme. Il se déguisa en ouvrier, fabrique des bombbes, fit mille tours à lá police..., ce qui ne l'empé- cha pas d'entrer à l'Ecole de Guerre..., ni de continuar à conspirer. En 1910 la Révolu- tion éclata. Le capitaíne en fut l'un des plus ardents adeptes. Ce fut lui qui, ao péríl de sa vie, hissa le drapeau de la République sur l'Hôtel-de-Ville de Porto et qui fut porté en triomphe ensuite par la foule délirante. De 1912, date de la mort de son pére à 1914, il vécut dans la plus profoude intímité d'âme avec sa mére, lui consacrant toute sa solde et toutes ses pensées. Le chambre de Madame de Barros Basto contenait une statue de la vierge, la secule statue religieuse de la maison; cel le du jeune hnmme, une lampe sabbatique et quelques tableaux bibli- ques. “C'est là qu'il écrívait, m'avoua-t-il, ses articles anticléricaux". 1914, la guerre en France. La vie du front dans le Nord, pleine de misère phisi que, lui réservait des joíes spírituelles. Il lut,
N.º 031, Tamuz 5690 (Jun-Jul 1930)
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