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Ha-Lapid הלפיד


N.º 031, Tamuz 5690 (Jun-Jul 1930)







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 4               HA-LAPID 
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prês de sa fin, il bénit l'enfant: «Je vais dis-
paraítre... je ne te verraí plus, mais je
meurs dans la même foi».

L'enfant graudit dans l'atmosphêre mèlan-
colique d'un foyer sans union, entre un pére
assez léger, une mere tendre, mais sévére;
dont il ne devait comprendre que plus tard
la grandeur d'âme. Les parents se séparèrent.
L'enfant vécut avec sa mère. Il lut et relut sa
Bible, se nourrit des oeuvres de Camilo Cas-
telo Branco, écrívaín marane, né en 1825.
dont les principaux ouvrages sont: "Les
Juifs", et "Les Rais de l'Inquisítíon". Tout
en poursuivant ses études, à Porto, ou sa
mère donnaít des lecons de piano pour vivre.
il inventait des priéres, se créait une reli-
gion à lui, faisant de petits sacrifíces à la
manière antique, mais en fait de víctimes. ue
brúlant que du romarin.

Il connut nn certain Ibraim Hallil, mar-
chand de perles fausses, qui lui apprit à líre
le Coran et lui enseigna quelques mots
d'arabe. Mais un jour, ayant été voir son
pàre à Amarante, il lut dans un journal: "On
inaugure une Synagogue à Lisbonne". Il ne
put assouvir sur le champ la curiosité
qu'éveillait eu lui cette annonce. Une grève
ayant éclaté. il fut exilé comme soldat-cadet,
dans Alentejo. A son retour, les cléricaux
qui connaissaient ses opinions et ses tendan-
ces, commençaient à lui faire la vie dure. Sa
mêre, devenue aveugle. avait engagé jusq'uà
ses bijoux au Mont-de-Piété Elle; résolut ce-
pendant de se séparer de lui et l'envoya à
Lísbonne où il mena une vie d'e'tudiant un
peu bohême et entra à l'Ecole Polytechnique.
C'est alors seulement qu'il songea de nouveau
à l'exístence de la Synagogue.

Arthur de Barros Basto raconte avec un
humour particulier son arrívée au seuíl do
petit temple de la rue Alexandre-Herculano.
Un jardinier occupé à soigner les plantes du
parterre qui entoure la Synagogue lui dit gra-
vement: "Venez Vendredi, il y aura une jolie
messe". Il appelait le Hazan: "le prête".

L'office auquel assista le jeune homme
l'émut profondément, et aviva, plus que
jamais en lui, le souvenír de son aieul. Mais
lorsqu'il voulut se procurer un livre de
prêre: "Allez en acheter un chez le libraire",
lui fut-il répondu.

Les fidéles s'informaient curieusement:
"Qui est ce garçon?"-"Un catholique qui
veut être juif". Mais quand ou l'interrogeait
   

 
directement: “Qui êtes-vous?", "Je suis mu-
sulman", répondait-il,

Le Rabbín Lévi Ben Simhon voulut voir
de prés ce musulman qui ne parlsit qu'an
mauvais arabe. L'entretien eut lieu eu pleine
rue, sur un trottoir. Il s'occupa de lui, l'em-
mena dans quelques familles juives. ll fut
invité à la bénédiction du vin, à certains rites
qui lui parurent d'une grande beauté. Il fré-
quenta la Synagogue.

Un jour, il exprima nettement le désir
d'être recounu juif. Alors, on lui fit subir un
interrogatoire serré sur son passé, sur son
aieul, on lui demanda mille détails oíseux
qu'il ignorait. Ses prières improvisées étaient
mêlées de Fathah, de "gloire à Dieu" de for-
mules monothéistes, mais qui lui étaient
toutes personnelles. Il se heurta à la mé-
fiance qu'ont les sémites pour les néophytes,
et me cita, non sans ironie, à ce propos, ce
passage du Talmud: "Les propêlytes son
aussi pernicíeux à Israel que la teigne".

Le coeur toujours brúlant de ses aspira-
tions relrénées, il mena une vie de bohéme,
réduit à ne pas toujours manger à sa faim, à
n'étre ni chauffé, ni éclaré, mais le feu de sa
jeunesse, de ses convictions, compensait bien
des choses; le lit sans sommier, la table ban-
cale tíxée au mur par un clou ne l'empê-
chaient point de lire, de méditer, de s'enri-
chir intelectuelement. Ce fut l'époque où, de
son aveu, il commit toutes les folies au nom
de l'anticlérícalísme er du socialisme. Il se
déguisa en ouvrier, fabrique des bombbes, fit
mille tours à lá police..., ce qui ne l'empé-
cha pas d'entrer à l'Ecole de Guerre..., ni
de continuar à conspirer. En 1910 la Révolu-
tion éclata. Le capitaíne en fut l'un des plus
ardents adeptes. Ce fut lui qui, ao péríl de
sa vie, hissa le drapeau de la République
sur l'Hôtel-de-Ville de Porto et qui fut porté
en triomphe ensuite par la foule délirante.

De 1912, date de la mort de son pére à
1914, il vécut dans la plus profoude intímité
d'âme avec sa mére, lui consacrant toute sa
solde et toutes ses pensées. Le chambre de
Madame de Barros Basto contenait une
statue de la vierge, la secule statue religieuse
de la maison; cel le du jeune hnmme, une
lampe sabbatique et quelques tableaux bibli-
ques. “C'est là qu'il écrívait, m'avoua-t-il,
ses articles anticléricaux".

1914, la guerre en France. La vie du
front dans le Nord, pleine de misère phisi
que, lui réservait des joíes spírituelles. Il lut,


 
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