5 ============================================= il médita. Toujours repoussé par le judaisme, il essayait de se plonger dans des oeuvres théosophiques, mais n'y trouvait pas la subsistance de son âme. En permission à Pa- ris, il visita tous les temples, toujours en étranger. Rue Buffault, entre autres, il assista à un office, debout, adossé à une colonne, comme un speclateur non admis dans le sanctuaire. Personne ne vint à lui; nul ne fil un gaste d'accueil, et pourlant il se sentait chez ses fréres d'âme. Sa mére qui lui avait écrit maintes fois: "Faites votre devoir, mais souvenez-vous que votre vie est ma vie", mourut peu de temps aprés l'armistice. Le récit de sa mort révéle chez le capilaine une sensibilité d'autant plus émouvante qu'elle se cache sous l'apparence stoíque d'un soldat et sous la résignation d'un croyant. Lui, que rien n'eftraye et qui, sans doute, accueillerait la mort face à face, avait peur de tout ce qui pouvait évoquer l'idée de la séparation supréme dans l'esprit de cette mére bien-aimée. Il écarta de son chevet une garde malade religieuse et, tandis qu'une jeune fille amie jouait dans la chambre voisine une des mélodies préférées de M.me de Barros Basto, i1 entoura la mourante de ses bras et reçut son dernier soupir. Je cile ses propres paroles: "Elle eut le temps de murmurer: "c'est joli" et expira comme un passereau." Pour le capitaine, le foi n'est rien sans les actes. La vie de sa mere n'avait été qu'un acte d'amour et de foi dans le bien. Point n'était besoin de la préparer à mourir. Elle étail prête. Ce fut après la disparation de Mme Maria Ernestina de Barros Basto que son fils entra, selon de rite, dans la communauté d'Israel. Encore lui fallut-il aller au Maroc pour être circoncis. On lui suscita mille difficultés. Il fut submergé de questionnaires, de paperas- serie. On voulut même l'envoyer en Algéríe. Il tint bon et resta à Tanger. Israel se défen- daít comme une cité sainte, comme une place forte devant un étranger ou un faux-frére. Le capitaine me dit: "C'est cet retour qui me fut si ardu que je voudraí faciliter aux Maranes". Il appelle son oeuvre celle du Rachat. La Synagogue de Bragance est la Porte du Rachat. Son histoire se termine bien, comme un heureux roman Il a épousé une charmante jeune fille ísraélite, tres convaincue, Mlle Léa Montero Azancot, dont il a eu deux en- tants qui seront, eux aussi, des pionníers du judaismo. Lily Jean Javal. o o o Carta honrosa Tendo o Presidente desta Comuni- dade do Porto, o sr. capitão Barros Basto comunicado a Sua Eminencia o Reverendo Israel Levy, Rabbi-mór de França, a sua proclamação como Mem- bro Benemerito da Kehilah do Porto, Este ilustre rabbino respondeu com a seguinte carta; Paris, 11 mai 1930. Cher Monsieur le President. Je suis con- fus de l'honneur que vous et votre chére Communauté avez bien voulu me faire en me décernant le titre de Membro benemerito; je voudrais avoir mieux justifie' cette distinction en vous prouvant plus efficacement ma sym- pathie et mon dévonement. Ce titre de benemerito, c'est le Judaisme tout entier qui vous le donne: vous avez bien merité d'Israel par votre beau courage, par l'ardeur de votre foi comumnicative, par la chaleur de votre enthusiasme et la fecon- dité de votre apostolat. Un jour Graetz et Cremieux se recontrérent à París; l'éminent avocat félicitait son interlocuteur de son oeuvre si brillante; celui-ci lui repondit: "J'é- cris l'histoire d'Israel, et vous, vous la faítes.” Ces paroles on pourrait vous les repetér: votre nom est entré dans les annales de Judaisme. Dieu venille vous perrnettre de mener á bonne fin l'admirable tache que vous vous eles tracée et dont nous sommes sí fiers. Agréez, mon cher President, avec tous mes remerciements, pour vous et vos excel- lents collégues, l'expressíon de mou plus cordial dévonnement. I, Levy. ---------------------------------------- Visado pela Comissão de Censura
N.º 031, Tamuz 5690 (Jun-Jul 1930)
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