8 HA-LAPID ============================================ un autre milieu que la petite ville bessara- bienne, ou il enseigna Phébreu aux entants de sa race C'est à eux qu'il consacra une bonne part de son talent de conteur. I s'employait particulierementà ctécrire la vie douce et iitérieure des Hassidim, cette secie juive de pieux joyeux, j'ai mentiodne déja Berditchevsky-Bin- -Gorion à propos de sa lutte contre Aliad- -ha-Am. Lui aussi était un esprit exceptionel, mais cette iois dans la mesure universelle de ce mot, esprit tres révolutionnaire, indi- vidualista moral et pessimista. Mais un de ces pessimistas qui portent dans leur tor in- térieur un amour ardent inavoué pour la vie pour les hommes. Fils de rabbin du ghetto d'Ukraine, tal- mudiste três érudit, il devient en Allemagne un Nitzechéen des plus sincéres. Il menait sa lutte contre Aha-ha-Am au nom de la vie et de la liberté, pour une culture de vie de l'individu qui le se soumet jamais à une Civilisation boanée par l'esprit d'une collectivité, national ou autue. Il fut le gé- nial représeniant de toute une génération. Il était le môme révolutionnaire dans les belles-lettres. Contre le style canonisé avec ses tendances de classicisme, il íntroduit un style baroque, extrair ammatiqixe et excen- trique puisé dans le réservoir de toutes les époques de l'hébreu Aussi ses suiets sont- ils des suiets de la vie íntime avec ses lu- miéres et ses ombres, contre les idylles ro- manesques auxquelles était consacrée toute la prose hébraique. S'il fuat un Sionisme, qu'il soit integral; si la líttérature doit re- produire la vie. que la copie en soit vraie, même que cruelle. Sa propre lutte intérieu- re, sa soil d'une vie libre á tous les égar- ds y est souvent exprimée. ll êcrivit des contes philosonhiques et psychologíques de la vie des Hassídim et de la vie moder- ne, des esquisses bréves et des romans. A cinquante ans il se forgea un nouveau style fascinateur dans ses romaus breís, coman- dé par le sentíment de l'approche du cré- puscule de sa vie. De même que dans la publlcistique il dans la critique littéraire tranchant, sévere et sans indulgence. On le disait un Chestov hébraique, et non pas tout à fait à tort. Il va sans dire que Berditchevsky ne juoissait ni de beaucoup d'amitiés ni de reconnais- sance dans les milíeux litéraires hebraiques. Sa polémique contre Ahad-ha-Am terminée il restait durant toute sa vie austere qu'il consommait em misére, en dehors de la vie sociale mouvementée autour de lui, vivam en ermite à Berlin. Son Ecclêctisme littérai- re trouve encore une issue dans la codifica- tion des légendes juives qu'il traitait de la même façon que toutes ses oeuvres: avec un esprit indépendant. celuí de l'individu révolté. Une partie de ces légendes, de mê- me que quelques autres oeuvres de sa plu- me unt été publiées en allemend. Au grou- pe des james et :évoitês appartenaient en- core d'autres hommes de lettres. Le plus étincillant parmí ceux-ci était Joseph-Haim Brenner écrívain d'un gout dostoievskien et peintre de la misére, de la vie du ghetto et de la tragédie humaine. Brenner est l'ini- tiateur d'une littérature hébraique moderne en Palestine, ou, il a été assassiné par des Arabes le 1.er mai 1921. Etant professeur au Lycée de Jaffa et maitre autoritaire des milieux littêraires et des Elements progres- sistes, il s'êtait consacré avec les Haloutsim au simple travail noir sur les chaussées. A la même école et plus individualiste et pessimiste que les autres appartenait Ur'- Nissan Gnessine, mort a l'age de trente ans. En lui s'était révelé peut-être l'esprit le plus original de la littérature hébraique mu- derne, un de ces hommes qui portent tante leur vie le fardeau du supplice pour des pé- chés commis avant leur naíssance, comme disait Strindberg. Un auire homme de ce groupe, mainte- nant conservateure dégénéré, fut Hillel Zei- tlin, dans le temps bel esprit mystique. A la même école s'attache encore un ex- cellente conteur, G. Schotmann, dont l'oeu- vre se trouve dépuis des années sous l'in- iluence directe du curieux víennois Pete Al- tenberg. Au cours du développement de la prose moderne il y en avait d'autres conleurs plus ou moins originaux, tels Berschadsky, ro- mancier du talent, Kaback, autre romancier qui au début de sa carribre littéraire, dans ses nouvelles, promettait beaucoup, puis se perdait dans le sable, S. Ben-Sion, écrivain de mérite etc..., mais ils sont tous d'un ta- lent limité, la plupart du temps trop influen- cés par les líttératures étrangéres. Ils appor- térent néanmoins chacun sa part á la cons- truction d'une nouvelle littérature. (Continua).
N.º 046, Shebath-Adar 5692 (Jan-Fev 1932)
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