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N.º 082, Kislev 5698 (Nov-Dez 1937)







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peut-être à juste titre, comme le dernier des
grands Juifs du Moyen Age. Homme d'Etat,
financier, écrivain, philosophe, fidêle à sa
foi et dévoué à son peuple, Don Isaac
occupe dans l'histoire juíve une place in-
comparable. Il représente le judaisme es-
pagnol sous son plus bel aspect et en lui
se trouvent réunís "la torah et la gloire sé-
culaireu", selon la célebre expression hébrai-
que qu'on a coutume d'appliquer aux plus
grands et plus méritants du peuple juii.
Don Isaac tire son origine de la Maison
royale de David. Selon une tradition fami-
liale, ses ancêtres, aprés la destruction du
premier Temple, se seraient établis à Sévil-
le. Il a existé, d'autre part, un Abravanel
dans cette ville en l'an 1310. Celuí-ci, nom-
mé Don Ihuda Abravaniel, fut un termier
royal et un éminent financier. L'orgueil
qu'il éprouvait d'avoir de tels ancêtres, Don
Isaac l'exprimait en citant ce verset de la
Genese: Ne disparaítra jamais le Sceptre
de juda, ni le báton royal de ses descen-
dents.

Il était convaincu de ses origines céle-
bres, car, il écrit dans ses commentaires
des Ecritures Saintes: "Je suis le fils de Juda-
fils de Samuel, fils de Juda, de la famille
Abravanel, tous grands em Israel et descene
dant de la dynastie royale de David".

Quoi qu'il en soit, Don Isaac apparte-
nait à une famille ayant rendu des services
signalés à l'Etat et au judaisme. Son grand-
-pere, Don Samuel, fut un financier de
grande envergure qui vécut sous le régne
de Henri II de Trastamara (1369-1379). A
la mort de ce dernier, et à la suite des per-
sécutions de 1391, il dut se convertir au
christianísme et prendre le nom de Juan
Sanches de Séville.

Pour revenir à la religion de ses ance-
tres, Don Samuel dut se réiugier à Lisbon-
ne. Son fils Juda, le propre pêre de Don
Isaac Abravanel, joua un rôle important à
la Cour du Portugal, ou il fut le trésorier
de l'infant Dom Fernando, frêre du roi
Duarte de Portugal.

Don Isaac avait une culture soignée qui
ne se bornait pas à la littérature hébraíque
traditionnelle, mais s'étendait aussi à tous
les elements culturels de son temps, y com-
pris l'étude de l'antíquité, Il avait admi-
rablemente approfondi la Bible, le Talmud,
les ouvrages exégétiques chrétiens et hé-
braiques, ainsi que les écrits des poetes et
philosophes du Moyen Age. Il connaíssait

 

l'arabe et probablemente aussi le grec. Sa
langue maternelle était le portugais, à la.
quelle le liaient l'habitude et le sentiment, ce
qui fut d'ailleurs le cas de bon nombre de
Sépharadim durant de longs siecles. Lors
de ses séjours successiis en Espagne et en
Italie, Don Isaac acquit regalement une con-
naissance littéraire de l'espagnol et de l'ita-
lien.

Don Isaac fut appelé à rendre des ser-
vices signalés à sa patrie. Le nom d'Abra-
vanel le predestinaít à jouer ce rôle impor-
tant. Durant des générations, les Abrava-
nel avaient entrentenu des relations étroites
avec la Cour et la noblesse et s'étaient vu
contier la gestion de leurs finances. A la
cour d'Alphonse V (1438-81), Don Isaac
occupa jusqua'a la mort du souverain une
place de premier rang en qualité de con-
seiller financier. Une étroit amitíé le liait à
la Maison de Bragance, issue de Jean I,
grand-pere d'Alphonse V. Le duc de Bra-
grance, Fernando, un des plus riches et plus
puissants nobles du royaume, lui était par-
ticulierement dévoué. Don Isaac reçut
d'Alphonse V le droit de paraitre à la Cour,
en même temps qu'une propriété de cam-
pagne à Queluz. il fut, en outre, libéré de
l'obligation de porter le signe de reconnais-
sance des Juiís.

Alphonse V entretenait des rapports
d'amitié avec 1a Signoria de Florence et la
Maison de Médicís. Grâce à son souverain,
Don Isaac réussit à nouer des relations uti-
les avec les Etats italiens. On peut expli-
quer de cette maniere l'origine de ses rap-
ports amicaux et son échange de corres-
pondance avec le banquier Jéhiel Vitale de
Pise, qui vivait em bonne intelligence avec
Laurent le Magniiique. Abravanel était aus-
si l'ami du médecim jean Sezira, qui char-
gé d'une mission auprés du Pape Sixte IV,
reçut des mains de Don Isaac un mémoire
conetnant diverses doléances de la commu-
nauté israélite.

Don Isaac déploya une activité féconde
comme dirigeant de la Communauté israé-
lite de Lisbonne. Particulierement intéres-
sante est la communication d'Abravanel à
Véhiel de Pise au subjet du rachat de deux
cent cinquante prisonniers Juifs tombés au
pouvoir des Portugais lors de la prise de
la ville marocaine d'Arzilla (1471). Les
efforts courageux qu'il eut à déployer en
leur faveur illustrent brillamment la ma-
niere dont nos ancêtres accomplissaient la


 
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