HA-LAPID 3 =========================================== Mitzva de Pidion Chébuím (libèraiton des captifs.) Don Isaac possédait un immense patri- moine qu'il hérita en partíe de ses ancêtres. Grâce à son énergie et son esprit d'initia- tive, il sut se constituier une belle fortune, qu'il mit au service du Portugal. Apres la guerre malheureuse de ce pays avec la Cas- tille, Don Isaac souscrivit pour un dixiême à l'emprunt portugais. Mais, cette situation favorable prit fin à 1a mort du roi Alphonse qui succomba à une fievre (1481). Son fils Jean II qui lui succéda changea completement la direction politique du pays. Abravanel fut un des premiers à subir le contrecoup de ce revi- rement. Au cours d'un complot organisé par le duc de Bragance, Abravanel, bien qu'innocent, fut accusé de trahíson et de complicité avec son ami le duc et ne put sauver sa vie qu'en se refugiant en Castille. Tous ses biens furent confisqués; Don Isaac et son beau-fils Vossé (Joseph) Abravanel furent plus tard condamnés à mort par contumace. Don Isaac Abravanel se trouvait ainsi dans l'obligation de refaire sa vie. Il avait gardé de son passage à la Cour du Portu- gal des relations influentes auprés des sou- verains espagnols, lesquels surent apprécíer se vaste experience et son exceptionnelle compétence financiere. Ce point mérite d'être noté pour comprendre son étonnan- te et rapide ascencion à la Cour de Ferdi- nand et Isabelle. En 1884, Ferdinand lui confia une gran- de partíe de l'administration financiêre de son Etat: Don Isaac conserva ces fonctions pendant huit ans, jusqu'en 1492. Durant sa gestion, il eut à subvenir aux frais de la guerre engagée contre Orenade, dernier royaume arabe en terre espagnole. De concert avec le rabbin de 1a Cour et fermier genéral, Don Abraham Senior, Don Isaac réussit à assurer Papprovisionnement de l'armée royale à l'entiere Satisfaction de ses maitres royaux. Il rendit des services extraordinaires au royaume, consacrant sa fortune privée à l'achat d'armes et de pro- visions. ll fut assez heurex de voir que son exemple fut suivi par de riches coreligion- naires qui vinrent au secours de l'armée cspagnole. Vers la fin du mois d'Aoút 1487, Cris- tophe Colomb se rencontra avec Don Abra- vanel au camp royal de Malaga. Dans son ouvrage Christophe Colomb et la Contri- bulan des Israélltes aux décauvertes espa- gnales et portugaises, Kayserling est d'avis que ces deux personnages ont dú se recon trer précédemment à Lisbonne et que l'en- treprise de Colomb aurait même été com- manditée par Abravanel. Cependant, l'acti- vité politique d'Abravanel connut en Espagne aussi une fin tragique. L'expulsion des Juifs espagnols fut exceptionnelle par sa cruauté et les souf- frances qu'elle infligea aux exilés. On reste étonné et ému en présence de Pincompara- ble maniiestation de la Foi Juive. Les Juifs espagnols quittàrente fiàremente le pays qu'ils avaient enrichi de leur esprit et de leur activité. C'est un jour de deuil, le 9 Ab, que les Juifs espagnols prirent le chemin de l'exil. Tous ne partirent pas. Abraham Senior, âgé de 80 ans, resta dans le pays et se convertit au christianisme. Les parrains du baptême d'Abraham et de toute sa famille, furent les souverains espagnols, Ferdinand et Isabelle. Don Isaac préféra s'ea aller e exil. Il avait par trois fois príé les maitresndu pays de retirer l'édit d'expulsion; il alla même jusqu'a leur offrir 30.000 ducats en or. La requête allait être agrée, lorsq le grand in- quisiteur Thomas Torquemada, confesseur de la reine, se présenta devant le couple royal, le crucifix à la main, et leur tint ce langage: "Judas Ischaríot a trahi Jesus pour trente écus et vous voulez le livrer pour trente mille? Le voici, prenez-le, vendez-le!" Don Isaac Abravanel se rendit en Italie accompagné de ses fils, Juda, Joseph et Sa- muel. Le gouvernement espagnol qui avait jugé opportun de ne pas rompre avec cette famille influente, la laissa réaliser une gran- de partíe de ses biens et abolit en sa faveur les sévêres interdictions d'exportatíon de valeurs qui pesaient sur les exilés. Don Isaac Abravanel représentait une puissant autorité et cela non pas en tant que représentant officíel de tel ou tel Etat, mais parce qu'il était doué d'une énergie morale d'une intensité incomparable. Sa re- nommée était telle que le roi Ferdinand de Naples lui reserva l'accueil le plus cha-a leuerux, De plus, les Juifs du Royaume s'en trouvàrent bénéficier de la bienveillan- ce du monarque. Mais, Naples conquise par le roi de France Charles VIII, Don Isaac se trouva une fois de plus dans le
N.º 082, Kislev 5698 (Nov-Dez 1937)
> P03