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Ha-Lapid הלפיד


N.º 082, Kislev 5698 (Nov-Dez 1937)







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 4              HA-LAPID
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plus complet dénuement. ll s'entuit. en
compagnie de son Prince, à Messine, qu'il
dut abandonner pour la Sicile et, plus tard,
pour Coriou. Il séjourna un certain temps
à Monopoli, sur la côte d'Opulia, d'oú il
repartit pour Venise.

Durant les dernieres années de sa vie
qu'il passa á Venise, Don lsaac Abravanel
se consacra à une action diplomatique en-
tre Venise et le roi du Portugal, Manoel,
le irére de ce même comte de Viseu tué
par Jean II, à la suite d'une conspiration
qui eut pour lui des conséquences cruelles.
La découverte par le portugais Vasco da
Gama de la voie maritime des Indes avait
suscité de grosses difilcultés au commerce
des épices qui se trouvait jusqu'alors entre
les mains des Vénitiens. Ces diiiicultés ont
pu être aplanies grâce à un traité de com-
merce conclu par les soins d'Abravanel. Le
Sénat de Venise et le Conseíl des Dix lui
exprimàrent officiellement leur reconais-
sance en date du 12 aoüt 1503 dans un do-
cument se trouvant aux Archives d'Etat de
Venise et dont la teneur est la suivante:

"Quod domino Isaach Abraha(m)(u)anel
hebreo, qui nuper huc venit ex portugallia
fecitque eam propositionem in materia
spetierum cholocuth quae nunc lecta fuit
huic consilio, responderi debeat per capita
in hanc sententiam".

"Che nuy lo habiamo veduto et aldito
voluntieri, si per la bone qualità ei virtù
de la persona sua, si etiam per la materia
proposta, et per la bona mente el dimons-
tra haver, al benelicio et commodo de la
Signoria nostra de la qual el sij cum parol-
le grave et accommodate rengratiato" (1).

Don Isaac Abravanel s'éteignit à Venise
le 25 novvembre 1508, à l'âge de 71 ans.
Il fut enterré à Padoue, qui fut détruite un
an apres. C'est ainsi que le tombeau d'un
des plus nobles fils d'Israêl est resté incon-
nu jusqu'à nos jours.

                   *
                 *   *

La détresse des exilés, au lieu de dimi-
nuer, ne fit que s'aggraver. Les Juiis ví-
vant dans les autres pays chrétiens eurent
aussi à subir des persécutions cruelles. Par-
mí ces israélites il y en eut dont la foi se
trouva ébranlée 'a la suite de ces afireuses
torturas. Ils en étaient venus 'a se deman-



der si toutes ces souitrances et la rigueur
tragique du destin d'lsraêl pouvaíent avoir
un sens et une justification.

Les Juifs de cette triste époque avaient
besoin d'un guide, cherchaient àprement
une consolation, un objet dans la vie. Leur
misere grandissait en inetnsité et le deses-
poir s'emparait de la plupart d'entre eux,
1a foi et l'heroisme qui les avaient soutenus
si souvent, cédaient la place à 1a démo-
ralisation. Le rôle joué alors par Don lsaac
Abravanel en infusant une nouvelle énergie
dans les coeurs défaillants fut d'une impor-
tance capitale.

Don Isaac Abravanel n'était pas seule-
ment un homme d'Etat éminent et un fi-
nancier célebre, mais surtout un écrivain
de grand valeur. Durant ses loisirs il se
consacrait à l'étude de la doctrine juive. Il
enrichit la líttérature biblique et phílosophi-
que. Il peut être considéré comme un des
plus grands exégéles juifs. A1'exception
des Hagiographes, il écrivit sur les livres
bibliques des commentaires qui furent au-
tant de sources fécondes pour la théologie
juive. Ce qui distinguait Abravanel des
autres écrivains, et, en particulier, des au-
teurs de l'Europe orientale et septentrio-
nale, c'était sa culture universelle, sa con-
naissance approfondie des classiques grecs,
latins et arabes, son commerce familier avec
la littérature thélogique chrétienne, qu'il ne
craignait pas de mettre à contribution en
dépit du fanatisme existant dans son am-
biance. Il se distinguait enfin par son étude
minutieuse des lois historiques à l'aide des-
quelles il expliquait la Bible.

Dans ses travaux exégétíques et écrits
philosophiques, Isaac Abravanel a traité
magistralement des vieilles espérances mes-
sianiques qui ont toujours soutenu le peuple
juif à travers ses agonies successives. Ces
écrits qui ne concernent pas uniquement
1'époque à laquelle il a vécu, ont acquis de
ce fait une valeur permanente. Le pointcar-
dinal par quoi le judaísme differe du chris-
tianísme est précisément l'espérance mes-
sianique en la redemption future d'israêl et
de l'humanité, rédemption à laquelle se mê-
le, en ce qui concerne les Juifs, le désir de
voir se réaliser la restauration nationale
d'lsraêl sur la Terre Sainte.

Ainsi donc, la gratitude avec laquelle le
peuple juif se souvient du Sage de Sépha-
rad, qui eut foi dans l'avenir d'Israêl et par-


 
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